Nomades ou sédentaires ?

L'abri du nomade lui sauve la vie lorsque le climat sous lequel il vit est trop rigoureux pour être affronté sans défense : cela doit être ancré dans un coin de nos mémoires, qui nous pousse, enfants, à construire des cabanes. La cabane du jardinier (« l'abri de jardin ») nous renvoie aussi à cette dimension. Il en est dont les cheminées fument aux petits matins des dimanches d'hiver. Le confort de l'habitat moderne dont peuvent jouir les plus fortunés habitants de notre planète ne nous donne plus cette sensation de nous protéger que l'on retrouve sous une tente, dans un refuge ou dans un abri.

(Et lorsque les plus infortunés se retrouvent à la rue, ils deviennent des sans-abris.)

A partir du moment où les hommes ont cultivé pour se nourrir, ils ont dû se sédentariser. Paradoxalement, dans nos sociétés contemporaines, il semble que le jardin ouvrier penche plus du côté du nomadisme. Chasse, pêche, cueillette et jardinage renvoient en effet identiquement à l'extérieur, au grand air. Si le jardin paysan est proche de la ferme – ou plutôt le plus proche possible en fonction du point d'eau qui en permet l'arrosage – le jardin ouvrier n'est pas ordinairement si proche de l'endroit où l'on habite.

Au quotidien, peu de femmes : l'inconfort est affaire d'homme. L'habitat en immeuble pousse à s'échapper du domicile pour retrouver le bonheur de la vie au grand air. Il fut un temps où la Mobylette, cageot arrimé au porte-bagage, était même devenue l'animal de bât adapté à ces allers et retours entre domicile et jardins.